La chronique de Mélisande*

New York, 23 au 26 juin 2017, pour la seconde année consécutive à St-John's university, Queens. Une localisation très excentrée, peu propice au tourisme (mais on n'est pas là pour ça, of course).

Cette année, l'Italie était à l'honneur grâce aux invités : Daniela Carboni et Alessandro Beber.

L'exposition se trouvait dans une vraie galerie, avec un éclairage ad hoc, une amélioration très appréciée.



Toutes les photos dans cet album.


J'ai enseigné avec plaisir la boite à double compartiments :




Une sélection des ateliers que j'ai suivis : un modulaire d'Alessandro Beber, l'illumination d'une bombe à eau avec LED, mini-circuit et pile, les propriétés géométriques du format US letter.

Origami for the people a redécoré un abribus dans le quartier :






Côté tourisme, j'ai visité le jardin botanique du Bronx qui abrite cette saison une magnifique exposition de sculptures de verre de l'artiste Chihuly, à voir ici.
J'ai conclu ce voyage par une petite escale à Montréal sur le chemin du retour.

A mon grand dam, j'ai manqué les rencontres italiennes de l'an passé, conflit d'agendas.
Me voici de retour dans cette ville fantôme, secouée durant 4 jours par une tornade de 250 plieurs, qui ont laissé des traces :



Le sapin de Noël municipal a été décoré d'une escadrille d'anges (modèle de Grzegorz Bubniak) :



Les invités de cette convention étaient Melina Hermsen, Meenakshi Mukerji et Sébastien Limet : photo.

Mes deux coups de coeur parmi les ateliers auxquels j'ai participé :



La fleur d'Itai Bokea, enseignée par Guy Loel



Le Zhen Xiao Bao, un traditionnel revu et augmenté par Francesco Decio.

J'ai enseigné ma boîte pentagonale empilable, tutoriel ici.

L'exposition des modèles est toujours magnifique, toutes les photos sont dans cet album

En 2008, j'avais plié les motifs des 9 coupoles de l'église Cristo de la Luz à Tolède (voir ce billet) et je m'étais promis de visiter cet endroit. Facile, il suffit de se porter volontaire pour organiser les vacances familiales !



Les coupoles sont dans la partie droite du bâtiment, une petite mosquée de plan carré construite en 999. La partie de gauche est un ajout lors de sa transformation en église 2 siècles plus tard. L'intérieur est difficile à photographier, manque de lumière et aussi de recul, l'édifice primitif mesurant à peine 10 m de côté.



Voici mes photos des fameuses coupoles :



La première est la coupole centrale, surélevée, la dernière figure une étoile à 8 branches irrégulières, obtenue en dessinant des droites entre le coin du carré et le milieu du côté opposé. C'est cette image, trouvée dans les archives de l'université du Wisconsin, qui avait déclenché ma quête.

Fin de l'histoire.

Pas du tout !




De retour chez moi, ma valise à peine défaite, mon ami Philip m'informe que cette étoile figurait dans la décoration du 2ème temple de Jérusalem, voir l'article complet.
Et hop, on recule de mille ans !

Alors, l'an prochain à Jérusalem ?

Tout en respectant les droits d'auteurs
(Et me faire perdre définitivement toute chance de recevoir d'autres livres en service de presse, mais tant pis).

Une charmante dame des éditions Marie-Claire m'a fait parvenir cet ouvrage :

Origami inspiration nature
Par Elodie Piveteau
30 pliages de fleurs, plantes, animaux
128 pages
Code EAN : 9782848319728
Référence

Au premier abord, jolie présentation, en particulier la photographie.

Du côté des diagrammes, ça se gâte un petit peu ; couleur du modèle parfois si sombre qu'on ne distingue plus les plis et les flèches, absence de zoom sur des détails qui deviennent microscopiques. La terminologie pourtant intuitive pli vallée/pli montagne est absente, remplacée par des périphrases du genre "pliure extérieure, la pliure est vers le haut" qui prêtent à confusion.
Je ne saurais dire si l'auteure ignore l'existence de ce que nous appelons solfège du plieur, ou s'il s'agit d'un choix éditorial pour économiser quelques pages.

La liste des modèles a un air de déjà-vu, ce qui n'est pas étonnant de la part d'un ouvrage de loisirs créatifs destiné à divertir son lectorat et non à défricher la dernière terra incognita de l'origami. Et nous sommes en terres très connues, presque tous les modèles du livre sont traditionnels ou déjà publiés ailleurs, comme en témoignent mes recherches :

Papillon : d'un rectangle, modèle attribué à Ralph Matthews.
Oiseau perché : d'une base de l'oiseau étirée. ATTENTION, il s'agit peut-être du seul modèle original du livre, à ce jour je n'ai pas trouvé sa trace ailleurs, malgré un appel à témoins lancé des deux côtés de l'Atlantique.
Hirondelle : traditionnel : Swallow
Colombe : traditionnel : Dove
Pingouin : de Fumiaki Shingu
Crabe : traditionnel, d'une base de la bombe à eau
Grenouille sauteuse : traditionnel
Poisson : goldfish, traditionnel
Poussin de Simon Andersen, vidéo de Leyla Torres
Cheval : le poney traditionnel, celui avec un coup de ciseau
Lapin : de Stephen o'Hanlon, video de Mari Michaelis, il existe aussi un diagramme de Frantisek Grebenicek
Scorpion : diagramme par Fumiaki Shingu
Pomme : c'est une bombe à eau avec ajout d'une feuille découpée
Fraise : modèle gonflable de Rae Cooker diagramme
Citrouille : de Jo Nakashima
Champignon : fly agaric de Fumiaki Shingu
Feuille : triangle plié en accordéon
Tulipe : modèle traditionnel 3D à partir d'une base de la bombe à eau
Rosace : modèle hexagonal en haut à droite sur la photo de couverture. Il ressemble beaucoup à ce lampadaire et à un couvercle de boîte de Tomoko Fuse : hexagon diamant box
Fleur de cerisier : kusudama collé, un classique
Sapin : emballage pyramidal exigeant de la colle, plus de bricolage que d'origami
Etoile : découpage d'un pentagone
Etoile suspension : modulaire 8 pièces, spinning star de Paolo Bascetta
Nuage : plusieurs vidéos, par exemple ici
Flocon horloge : découpage d'un éventail
Décoration flocon : séquence de pliage différente et résultat final moins stable, mais visuellement identique à la Compass rose de Jorma Oksanen, diagrammée par Carmen Sprung

La rubrique remerciements s'adresse à un peintre et au fournisseur de matériel pour collier et boucles d'oreille. Nulle mention de l'origine des modèles présentés.

Je me suis bien amusée à mener cette petite enquête, à vous d'en tirer les conclusions.

Elles ont eu lieu à Genève, du 22 au 24 avril 2016.
Nous étions une petite cinquantaine de personnes.

Les hôtes d'honneur, Viviane Berty et Robin Scholz, outre leurs expos personnelles, nous ont présenté une collaboration franco-allemande : les sirènes dans la mer :



(honte à mon appareil photo qui rend très mal la magnifique couleur bleue de la mer).

L'Antiquité était un thème de concours, bien illustré :

L'amphore de Dasa :



Le Parthénon d' Amandine :



Les Barbies d'Evelyne :




Naomiki Sato, connu pour ses roses, a surpris en enseignant une fleur de cerisier modulaire, qui a la particularité de perdre ses pétales lorsqu'on la secoue, comme une vraie :




Atelier tessellation avec Robin Scholz :



Ce modèle - Amizade - nous a occupés toute la matinée !


Moi qui ne plie guère d'animaux, j'ai fait avec plaisir une exception pour le canard de Yoshio Tsuda, enseigné par Claire :




Ma petite expo :




Enfin, la traditionnelle opération origami for the people dans le parc voisin:



Modèle : Zo star, by Maria Grazia Zordan :



Toutes les photos dans cet album.

On n'en aura jamais fini avec ces bonnes vielles bases "traditionnelles" de l'origami.

Par exemple la base de l'oiseau (voir ici pour les non-initiés).

Je l'avais déjà utilisée en décembre 2012 pour créer une couronne de l'Avent :




Mes plus récents bidouillages ont donné naissance à une étoile en 8 modules :



Toute contente de mon invention, je commence un diagramme.
En cherchant tout autre chose, je tombe sur cette photo de Yara Yagi qui l'avait pliée avant moi, et encore avant il y a eu Doris Lauinger, et...
Ce type d'origami géométrique est voué à d'incessantes redécouvertes.
Evan Zodl a tant aimé ce modèle qu'il en a fait une vidéo.

En résumé, les ressources pour ce modèle sont les suivantes :
Vidéo par Evan Zodl
Tutoriel photo par Yara Yagi
Diagramme par ma modeste personne

Ceux qui ne l'ont pas encore plié ne peuvent invoquer d'excuse valable.

En janvier dernier, lors des attaques terroristes à Paris, je travaillais sur le code international des signaux maritimes. Voici la série complète en origami :



Gros plan sur le C, aussi appelé Charlie :



Instructions pour le plier :



En hommage aux dessinateurs assassinés, j'ai créé le pot à crayons CHARLIE :



Le mécanisme est adapté d'une boîte hexagonale de Fujimoto.
Voici le canevas de plis en pdf.

Enfin une variation, la boîte Charlie :




Cette méthode de Fujimoto ne fonctionne que pour des polygones ayant un nombre pairs de côtés, dommage pour les pentagones, heptagones, etc, que j'aime bien manipuler. Le décalage induit par les nombres impairs, qui rend caduque la méthode de Fujimoto, peut être utilisé avantageusement comme mécanisme de blocage du twist. C'est difficile à expliquer, tout est caché à l'intérieur :



Par ici pour le canevas de plis.

Cela marche aussi pour le pentagone. La variation de droite est probablement une redécouverte d'une boîte d'Akiko Yamanashi enseignée à la convention de New York il y a quelques années :



Les polygones semi-réguliers, par exemple un hexagone allongé, posent d'autres défis techniques. Malgré divers essais, impossible d'obtenir une fermeture complète du dessus de la boîte, il reste toujours une fente. La solution ? Rebaptiser l'objet en tirelire !



CP disponible.
Ci-dessous la version rectangulaire :



Après une interruption due à l'observation d'une éclipse, je reprends mes expérimentations. La tirelire se transforme en poubelle (une belle métaphore au pays des banquiers...)



Indispensables compagnons de la poubelle : les bacs de recyclage :



Un grand bac en forme d'antiprisme :



Toute ressemblance éventuelle avec un certain bâtiment new-yorkais est involontaire. Peut-être un acte manqué? Un attentat peut en cacher un autre.

Du 31 octobre au 2 novembre, au Centre International de Séjour de Lyon.
Les hôtes d'honneur étaient Beth Johnson, Robert Lang, Alessandro Beber et Victor Coeurjoly.

Mon premier atelier fut la girafe de Victor Coeurjoly ; j'étais curieuse d'expérimenter cela, admirant de longue date ses pliages élancés dont la grâce se substitue à l'exactitude anatomique. Il nous a fait choisir entre foil et kraft, j'ai opté pour ce dernier, mal m'en a pris au moment de la mise en forme finale... le résultat n'est pas montrable. Le processus fut néanmoins intéressant

De Beth Johnson, j'ai plié le gland et le mouton. Sa touche personnelle consistant à utiliser des tessellations dans des modèles figuratifs est tout-à-fait unique, j'aime beaucoup. Elle a fourni du papier prémarqué à la machine, un avantage considérable ! J'ai vraiment adoré ces ateliers. Voici les résultats :



Beth réfléchit à la prochaine étape :




Kaze a enseigné son Charlie Chaplin, un pari risqué, ce modèle génial de conception asymétrique comporte plusieurs étapes complexes dont l'explication à un groupe de 25 personnes est chronophage. Nous n'avons pas pu le terminer dans le temps imparti. Voici la version du créateur :




D'Alexander Kurth j'ai apprécié le voleur :




Mon atelier était consacré aux boîtes antiprisme et rose des vents :


(photo par OriS16)


Voici la table du trocigami (prononcé troKigami) dont le principe est simple : chacun apporte un modèle et repart avec un autre tiré au sort.



Une excellente idée de Sandry, à reprendre lors de futures rencontres.


Enfin, l'oeuvre collective :



Toutes les photos dans cet album

Au cours des années, j'ai plié d'innombrables boîtes-tato ; il m'arrive de penser que ce sujet est épuisé, mais non, une petite variation, et hop! c'est reparti.
La faute à mon vieil ami Philip qui a lancé le concept de boîte-tato semi-régulière:



Malgré une leçon privée à New York, je dois avouer que je ne comprends pas très bien comment sa méthode fonctionne, alors je suis revenue à mes fondamentaux, à savoir un tato, un polygone concentrique à l'intérieur pour le fond, un autre à l'extérieur pour le dessus. Voici par exemple le résultat pour une boîte à fond heptagonal et dessus à 14 côtés semi-réguliers:



Un diagramme est disponible pour ceux qui voudraient se lancer.
En bonus, la version à 8/16 côtés:



Des essais de boîte octogonale semi-régulière n'ont pas donné le résultat escompté:



La même après une rotation de 22,5° et une petite astuce pour la fermeture:



Le nom "rose des vents" (compass rose) s'imposait assez naturellement.
Cette boîte est proche d'une création de Lai Chen-Hsiang que j'avais reproduite il y a quelques années.
J'ai aussi découvert que le tato dont ma boîte est issue a déjà été publié par une plieuse tchèque, Hana Šindelářová en 2000 et diagrammé par František Grebeníček. Pdf ici (rubrique ozdoby).

J'aime bien cette boîte, alors j'ai fait quelques variations pour prolonger le plaisir: triangle, pentagone et hexagone:

Cette enseigne lumineuse se trouve au Buchstaben Museum à Berlin. La collection, mi-musée mi-dépôt, réunie par deux passionnées de typographie, comporte des pièces complètes et fonctionnelles, comme ci-dessus, et nombre de lettres dépareillées de provenance diverse. J'ai adoré.

Mais je n'étais pas à Berlin, ville fort agréable, pour faire les musées ; j'étais invitée à la réunion de Origami Deutschland qui se tenait à Erkner, petite ville dans la banlieue est. Nous (environ 200 participants) étions spacieusement logés dans un centre de conférence. Ambiance amicale, plutôt calme, rien à voir avec les folles soirées de la convention italienne, par exemple. Je dis cela sans regret : vu mon programme d'enseignement chargé (6 ateliers sur 2 jours) j'étais fatiguée et assez contente de me coucher tôt.



Sur ces deux extraits du programme, on voit la liste de mes modèles :
lotus modulaire
lys-box
Quilt 4 saisons
étoile de Malte
Victoria's secret tato-box
couronne

Le lotus est l'atelier qui a eu le plus de succès. Ci-dessous, deux participantes à l'atelier de la couronne :



Le deuxième invité était Jun Mitani



Son atelier est le seul auquel j'ai eu le temps de participer. Il nous a enseigné la sphère et la poire. Facile, quand on nous fourni les chablons et les papier découpés à la bonne taille. J'aime beaucoup son travail sur les courbes, ses modèles tout en blanc sont un régal visuel. Ma frustration est qu'on ne peut pas les reproduire sans un chablon, un CP imprimé ou une raineuse à laser.

Le troisième invité, Jens-Helge Dahmen, je n'ai malheureusement guère eu le temps de faire sa connaissance. Voici quelques images de son travail :






Une bonne idée des organisateurs ; exposer tous les modèles du livret de convention :



Toutes les photos dans cet album
Mes 36 heures à Berlin ici